Introduction au fonctionnement des rivières
Les rivières présentent une diversité de paysages tout au long de leur parcours. Ces variations sont le résultat de plusieurs facteurs. Deux facteurs influencent pour l’essentiel la forme et l’évolution des rivières : la quantité de sédiments disponible et les écoulements en crue.
Les cours d’eau dans le bassin versant
© Agence française de la biodiversité / Réalisation Matthieu Nivesse (d’après OlEau), 2018
Une rivière à la géométrie stable ne signifie pas une rivière sans mouvements. Au contraire, une rivière trouve son équilibre autour de conditions moyennes stables (érosion / dépôt). Ces ajustements que sont les érosions de berge et les dépôts de graviers et sables sont des phénomènes naturels ; on parle d’équilibre dynamique.
Les rivières évoluent également au cours du temps et sont influencées par une combinaison de facteurs étroitement liés à l’occupation du sol, les activités humaines, le climat, la géologie, le relief, le sol, la géomorphologie.
Ainsi, des déséquilibres peuvent apparaître dans le lit d’un cours d’eau (changement de forme) si l’un des précédents facteurs évolue ou lorsqu’il y a une intervention humaine (coupure de méandre, protection des berges pour contrer une érosion) ou une évolution des ouvrages existants (exemple : rupture d’un seuil de moulin).
Historique de la gestion des cours d’eau
De tout temps, l’homme a cherché à adapter l’environnement à ses activités. Trois époques d’aménagements se sont succédées :
Au Moyen-âge, l’essor économique a permis l’installation des premiers moulins, ponts et levés de terre le long des cours d’eau et le développement des premières campagnes d’assainissement (drainage) de zones humides.
Reconstitution d’un moulin à eau du Moyen Age au château de Guédelon (89)
Au 19ème siècle, avec les nombreux progrès scientifiques et techniques, est apparu la pensée aménagiste répondant à de nombreux besoins (développement agricole, protection des enjeux, production d’électricité). Cela s’est traduit principalement par la création des premiers barrages, la réalisation de protections de berge contre l’érosion, d’aménagement de protection contre les inondations, la réalisation de travaux d’irrigation et de drainage des plaines.
Vue de Saint-Céré à la fin du 19ème siècle, Ville de saint Céré
Au 20ème siècle, la pensée aménagiste atteint son plein essor et l’aménagement des rivières prend une nouvelle dimension après la seconde Guerre Mondiale (digues, barrages, extraction de matériaux, recalibrage, rectification, curage de cours d’eau, remembrement, drainage).
Construction du barrage de Bort-les-Orgues dans les années 50, Source : http: //www.carnetdebort.org/
La pression exercée par l’homme sur son environnement au cours de ces dernières époques va conduire à des prises de conscience successives. Dès le 19ème siècle, les pêcheurs commencent à s’inquiéter des conséquences des barrages sur les populations de poissons.
Plus tard, au cours des années 70-80, c’est l’exploitation des gravières en lit mineur et leur conséquence destructrice sur le fonctionnement du cours d’eau qui va conduire à une nouvelle prise de conscience internationale et déclenchera l’acquisition de connaissances sur le fonctionnement géomorphologique des rivières.
Drague de Roland Plagne au Rouquet à Bétaille, Jean-Pierre Caussil
A partir des années 90, le rapprochement des disciplines scientifiques (écologie, hydrologie, géomorphologie, sciences humaines et sociales, économie) amène une nouvelle manière de penser les cours d’eau. C’est l’apparition de la gestion intégrée des rivières. Cette approche, avec un objectif de développement durable, tient compte de l’impact des activités humaines tout en intégrant les besoins économiques et sociaux.
La gestion intégrée permet de mettre autour de la table les acteurs économiques, les élus et les partenaires techniques afin d’élaborer une stratégie de reconquête des milieux aquatiques à l’échelle des bassins versants. Cette approche de gestion est aujourd’hui traduite à l’échelle européenne par la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) et au niveau du bassin Adour Garonne par le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion de l’Eau (SDAGE) Adour Garonne. Localement, cela peut se traduire par l’élaboration de différents types de programmes : Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE), Contrats de rivière et à l’échelle du syndicat par des Plans pluriannuels de gestion de cours d’eau (PPG) et Contrats de progrès Territoriaux.
Les Plans Pluriannuels de Gestion des cours d’eau portent généralement plusieurs types d’opérations : réduction du colmatage du lit sur les cours d’eau, restauration de zones humides, gestion de la végétation de berge et des embâcles, et, dès que cela est possible, des opérations de restauration physique des cours d’eau.
La restauration physique des cours d’eau
La restauration physique, dite aussi restauration hydromorphologique, des cours d’eau permet de redonner des formes et un fonctionnement le plus naturel possible à une rivière grâce à différentes techniques d’accompagnement de la dynamique des rivières. Ces techniques permettent de créer ou de libérer des espaces de bon fonctionnement au sein du quelle le cours d’eau retrouve sa liberté.
La restauration physique peut par exemple passer par la restauration/création de méandres. L’injection de graviers et sables dans le lit mineur peut aussi être utilisée. Ces techniques ont pour objectif de restaurer la dynamique du cours d’eau et favoriser l’émergence d’habitats pour la faune aquatique. La déconstruction d’ouvrage de protection de berge, ou des programmes plus ambitieux tels que la remise en fond de vallée d’un cours d’eau ou l’arasement d’ouvrages transversaux (seuil de moulin) lorsqu’ils n’ont plus d’usage peuvent aussi voir le jour.
A l‘échelle du SMDMCA, la restauration physique des cours d’eau s’est traduite jusqu’à présent par l’effacement d’ouvrages transversaux dans le cadre de la restauration de la continuité écologique des cours d’eau.
Seuil de Soulhol avant et après travaux d’effacement, SMDMCA
Le démarrage du programme Life Dordogne et la réalisation de nouveaux plans de gestion à l’échelle des bassins versants du territoire devraient permettre la réalisation prochaine de projets ambitieux de restauration hydromorphologique des cours d’eau.