La ripisylve du latin ripa : rive et silva : forêt
La ripisylve désigne la végétation qui pousse naturellement le long des cours d’eau et plus largement en milieu humide. Il peut s’agir d’un simple cordon arboré, d’un taillis sous futaie ou encore d’une forêt alluviale. Elle se compose de plusieurs strates : plantes semi-aquatiques, herbacées, buissonnants et arborescentes. Cette végétation spécifique se développe malgré les fluctuations des niveaux d’eau. Elle se répartie naturellement selon les différentes parties de la berge : pied de berge, talus et haut de berge.
Les espèces emblématiques de nos rivières :
On retrouve également : l’Érable champêtre, le Chêne pédonculé, le Saule blanc et le Frêne élevé.
Les services rendus par une ripisylve de qualité
- Le système racinaire de la ripisylve stabilise les berges et limite l’érosion des sols :
- La strate herbacée stabilise en surface le sol. Seule, elle n’a aucune efficacité.
- Les strates buissonnantes et arborescentes stabilisent en profondeur les berges.
- La ripisylve favorise la dissipation de l’énergie lors des crues. Elle forme un « obstacle » aux écoulements et dissipe ainsi leur force. Pendant les crues, les végétaux freinent l’eau et brisent ainsi le courant.
- La végétation des berges filtre également les eaux et piège les sédiments. Elle constitue un filtre naturel qui participe à l’auto épuration de la rivière et des eaux souterraines.
- L’ombre apportée par la ripisylve limite l’augmentation de la température de l’eau et la prolifération d’algues dans le lit du cours d’eau. Elle offre aussi un abri au bétail à toutes les saisons : brise vent, ombrage l’été et protection contre la pluie.
Cette association de végétaux spécifiques joue un rôle écologique important. Elle offre des habitats naturels, forme des corridors biologiques, et joue un rôle majeur pour le maintien de la biodiversité locale (tout en empêchant l’implantation d’espèces exotiques envahissantes).
Les enjeux d’une bonne gestion
Sans un entretien raisonné, la ripisylve finit par :
- Se détériorer et encombrer le lit de la rivière, formant ainsi des embâcles.
- Altérer ses fonctionnalités stabilisatrices des berges.
Les crues peuvent alors occasionner des conséquences majeures pour les enjeux présents à proximité du cours d’eau.
À l’échelle du SMDMCA, l’ensemble des cours d’eau sont non-domaniaux à l’exception de la Dordogne qui fait partie du Domaine Public Fluvial. Les berges et le lit des cours d’eau non-domaniaux appartiennent aux propriétaires riverains jusqu’au milieu du lit.
Néanmoins, chaque propriétaire est tenu d’effectuer un entretien raisonné de la ripisylve afin de :
- Maintenir le cours d’eau dans son profil d’équilibre,
- Permettre l’écoulement naturel des eaux
- Contribuer à son bon état écologique
Cet entretien est donc en premier lieu de la responsabilité du propriétaire de la parcelle riveraine des cours d’eau (art L.215-214 du Code de l’Environnement).
Cet entretien consiste notamment à :
- Enlever les embâcles pour libérer les écoulements,
- Effectuer un abattage sélectif de la végétation rivulaire, élagage, recépage, bouturage,
- Couper les arbres penchés ou sous-cavés.
Quelques recommandations :
Évitez d’intervenir en période de reproduction piscicole (frayères à salmonidés). La période favorable pour ce type d’intervention se situe entre le 1er septembre et le 30 octobre sur les bassins versants du Mamoul, de la Cère, de la Bave, de la Maronne, de la Souvigne, de la Dordogne et leurs affluents respectifs. Sur les autres bassins, Ouysse-Alzou, Tournefeuille, Borrèze, Tourmente, Sourdoire et Palsou, la période favorable s’étend du 1er septembre jusqu’au 15 mars.
Le dessouchage des berges, hormis dans les cas particuliers de menace immédiate de formation d’embâcles est à proscrire. De plus la souche forme un abri pour la vie piscicole.
Tous les produits de coupe issus de l’entretien de la végétation rivulaire doivent être extraits du cours d’eau et placés en dehors du lit majeur pour éviter qu’ils ne soient emportés à la prochaine crue.
Limitez l’utilisation de l’épareuse à la strate herbacée ou à des diamètres de coupe inférieur à 5 cm. Pour les diamètres supérieurs à 5 cm, préférez l’utilisation du lamier. Celui-ci réalise une coupe franche et évite le déchiquetage de l’extrémité des rameaux.
Le débroussaillage des ronciers doit être sélectif afin de ne pas supprimer les jeunes arbres naissants.
Évitez de laisser les terrains nus, ils deviennent sensibles à la colonisation et au développement d’espèces envahissantes et à l’érosion.
Il est impératif de rappeler que toute intervention aux abords des cours d’eau doit être réalisée uniquement selon des procédés manuels ou mécaniques. L’utilisation de produits chimiques est à proscrire, et peut faire l’objet de sanctions en cas de constat par les services compétents.
Exemples d’actions menées par le SMDMCA
Travaux de gestion de la végétation et des embâcles *
Lorsque les propriétaires ne s’acquittent pas de leur devoir d’entretien, la collectivité peut alors se substituer mais uniquement dans le cadre de missions qui relèvent de l’intérêt général.
Renaturation des berges
Lorsque les berges sont dégradées ou présentent une végétation inadaptée, il est possible d’envisager une renaturation par la plantation d’espèces adaptées ou du bouturage. Il peut être nécessaire par exemple de supprimer les plantes exotiques envahissantes présentes ou abattre certains grands arbres (peuplier hybride).
L’implantation d’essences locales doit être privilégiée à l’aide de techniques de génie végétal telles que :
- Le bouturage de saule en pied de berge,
- L’aménagement de banquette d’hélophytes, (photo travaux Borrèze à venir)
- La plantation de jeunes plants dans leur filet de protection,
- Fascinage
Il est important de prévoir un suivi régulier des plantations les 3 premières années.