Par le passé, et dans les zones à forts enjeux, les solutions de protections directes ont souvent été privilégiées : création de digues, protections de berge…
Les digues de protection contre les inondations
En France, sur les 9 100 km de digues recensés aujourd’hui, on compte plus de 1 000 gestionnaires révélant une gestion extrêmement morcelée des ouvrages. Un état des lieux réalisé en 2010 a révélé que 7 000 km de digues avaient un gestionnaire et 4 000 km avaient un propriétaire connus.
Aucun projet de création de digue n’est prévu sur le périmètre territoire du Syndicat. Néanmoins, les vestiges d’anciennes digues ou merlons empêchent la mobilisation de champs d’expansion de crue sur certains secteurs. Ils peuvent dans ce cas faire l’objet de retrait lors d’actions de restauration hydromorphologique de cours d’eau dans le cadre des Plans Pluriannuels de Gestion des cours d’eau.
Pour en savoir plus : Guide du CEPRI « Les ouvrages de protection contre les inondations, s’organiser pour exercer la compétence GEMAPI et répondre aux exigences de la réglementation issue du décret du 12 mai 2015 ».
Les protections de berge
Extrait du mémoire de stage « Définition d’un espace de mobilité, application à la Dordogne lotoise », Anne-Juliette GUICHET, Symage², 2010 :
« Depuis toujours, l’Homme vit près des cours d’eau pour la fertilité de ses terres riveraines, ou encore la nourriture qu’elle apporte. Cette relation s’est également construite sur la crainte d’événements fluviaux violents et dévastateurs. Longtemps l’homme n’a su comment se protéger des caprices des fleuves et rivières français, la prudence les amenait à s’éloigner des berges ou à construire en hauteur.
Mais à partir du 19ème siècle, l’homme cherche à dompter le milieu naturel. Il va mettre au point des techniques pour maitriser et fixer le lit des rivières et ainsi faciliter la navigation et préserver les terres riveraines des cours d’eau.
(…)
Pour stabiliser les lits fluviaux, et protéger les terres, les hommes ont agi sur les berges en empêchant l’érosion de s’exercer en recouvrant d’enrochements, fascines…Des points durs qui détournaient le courant des berges sensibles. Parfois les eaux étaient détournées vers des canaux totalement endigués.
Les débuts timides de cette politique vont ensuite exploser à la seconde moitié du 20ème siècle. Les années d’après-guerre amorcent une longue période de reconstruction et les sables fluviaux vont être exploités dans le bâtiment. L’activité d’extraction, associée à la mise en place de barrages hydroélectriques, va asseoir la nouvelle supériorité de l’homme sur les cours d’eau français. Parallèlement les protections de berges ont considérablement augmenté.
Durant 50 ans, les gestionnaires et les ingénieurs vont tenter de stabiliser les écoulements, mais dans les années 90, cette politique finit par dévoiler ses faiblesses. Les connaissances en hydrologie fluviale ayant progressé, des notions apparaissent comme la dynamique fluviale ou encore l’équilibre fluvial. Un fait s’établit, une rivière qui ne peut plus assurer sa mobilité latérale est en déséquilibre fluvial. Au cours du dernier siècle les cours d’eau sont passés d’axes de communication à des espaces naturels dynamiques à protéger. »
Le territoire du Syndicat ne fait donc pas exception à la règle et de nombreuses protections de berge sont présentes, en plus ou moins bon état et protégeant parfois des zones sans enjeu fort.
Projet de défense des rives en 1929 sur la Dordogne lotoise
CEMAGREF, 1991, Archives départementales du Lot
La politique menée par le SMDMCA et par les syndicats antérieurs s’oriente vers une renaturation des berges, pouvant amener à des désenrochements sur certains tronçons (exemple de projets intégrés au Life Dordogne sur les communes de Pinsac et Floirac).
Néanmoins, sur certains secteurs à fort enjeux, lorsque le déplacement de ceux-ci n’est pas envisageable, et que l’intérêt général est déclaré, le syndicat peut être amené à intervenir.
C’est le cas par exemple de la protection de berge de Brajat à Bretenoux, réalisée à la suite de deux crues exceptionnelles de la Cère.
Face à des problèmes de sapement et d’effondrement de terrain à proximité de zones habitées à Bretenoux dans l’extérieur du méandre de Brajat, il a été lancé en 2009 une étude qui proposait la protection de la berge sur une longueur de 420 ml. Après une période relativement stable, les effondrements ont repris entre Janvier 2016 et Juin 2016, sous la contrainte hydraulique et les évènements pluviométriques importants sur la période.
Devant le risque d’effondrement avéré du bâti à la décrue ou lors d’une prochaine crue de la Cère, il a été décidé d’intervenir rapidement sur les 2 propriétés privées (170 mètres linéaires) les plus exposées au risque. L’étude du projet d’aménagement a donc repris en 2017.
Alors que le projet est en cours d’étude, deux crues importantes se sont succédées début 2018 : celle du 5 janvier, estimée à 291 m3/s et celle du 21 janvier, estimée à 266 m3/s. Les phénomènes en place se sont réactivés, conduisant à des effondrements de terrain allant de 5 à 12 mètres, emportant un abri à bois et sous‐cavant fortement (2 à 3 mètres) un garage sur une parcelle voisine.
Pour répondre en urgence à cette problématique et sécuriser la zone de façon temporaire, il a été procédé à la mise en place d’épis en enrochements secs sur un linéaire de 170 mètres dans l’attente de travaux plus pérennes intégrant des techniques de génie végétal ((120 m de génie végétal pur et 190 m de techniques mixtes) avec la mise en place de caissons végétalisés sur 310 mètres.
Cet aménagement a ainsi permis de retrouver une berge naturelle en créant une importante diversité d’habitats tout en intégrant parfaitement les travaux au sein du lit de la Cère. Les travaux avaient comme objectifs la protection des biens et des personnes, la réduction de la vulnérabilité, la prévention du risque d’effondrement de terrain, la stabilisation de l’équilibre fluviale du méandre et l’amélioration des milieux naturels présents.
Travaux de réalisation de la protection de berge en technique mixte à un an d’intervalle (2019 et 2020) à Brajat, Bretenoux (Cauvaldor et SMDMCA)