Qu’est-ce qu’une zone humide ?
Réglementairement, d’après l’article L211-1 du Code de l’environnement, « on entend par zone humide les terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire ; la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année ».
Les zones humides jouent un rôle essentiel dans l’alimentation en eau des cours d’eau, que ce soit en terme de quantité ou de qualité. En effet, les cours d’eau sont alimentés en grande partie par les zones humides présentes sur leur bassin versant, généralement situées sur la partie amont (= tête de bassin-versant).
Une zone humide fonctionne à l’image d’une éponge : elle se gorge d’eau en période de pluie, et restitue doucement ensuite cette eau en période sèche. Ainsi, elle va permettre de limiter les inondations en retenant captive une partie des débits de crue, pour ensuite permettre de palier aux faibles débits d’étiage en restituant l’eau progressivement tout au long de la période estivale.
De plus, elle joue un rôle épurateur de l’eau. En effet, la portion de l’eau retenue dans la zone humide séjourne durant plusieurs jours, plusieurs mois, voire plusieurs années au sein de cette zone humide, laissant le temps aux particules fines contenues dans l’eau de se déposer, et aux plantes présentes d’assimiler les nutriments (= phytoépuration). Ainsi, l’eau restituée par une zone humide est de bien meilleure qualité.
La régulation des crues et le soutien au débit d’étiage sont 2 services écosystémiques rendus par les zones humides, mais ce ne sont pas les seuls car les zones humides fournissent un grand nombre de services écosystémiques. On peut citer, entres autres, la chasse (zone de nidification, halte migratoire, etc.), la pêche (zone de frayère et de croissance, etc.), ou encore l’agriculture spécialisée. Les zones humides représentent également des réservoirs de diversité biologique précieux et possèdent des valeurs culturelles importantes tout en bénéficiant aux loisirs et au tourisme. Enfin, les zones humides représentent un fort potentiel pour l’adaptation au changement climatique.
Pourtant, malgré l’importance que représente les zones humides pour l’équilibre et la résilience des milieux essentiels à l’homme, les zones humides ont de tout temps été considérées comme des milieux incultes et vecteurs de maladies. Depuis le 18ème siècle, elles ont largement été asséchées, et cette destruction s’est accélérée avec la mécanisation de l’agriculture. Auparavant entretenues et exploitées de façon raisonnée, les zones humides sont devenues un frein à l’exploitation des parcelles et ont été massivement drainées, plantées, ou encore creusées pour créer des plans d’eau (irrigation, pêche, loisirs). Cette exploitation des zones humides était encouragée par les politiques européenne et française, et soutenue par des aides financières publiques. On estime à 64% la perte de surface de zones humides depuis le début du 20ème siècle.
On commence à mesurer aujourd’hui les conséquences de cette perte des zones humides, conséquences amplifiées par les évènements climatiques extrêmes du changement climatique (crues, canicules, sécheresses). Malgré une prise de conscience collective, des pratiques de drainage et d’imperméabilisation des sols perdurent.
Depuis les années 80, les politiques publiques mettent en place des protections réglementaires et encouragent les bonnes pratiques de gestion au travers de subventions, tels que les Mesures Agro-Environnementales et Climatiques (MAEC) et les zonages Natura 2000. Des programmes de restaurations de zones humides voient également le jour, soutenus également financièrement par les politiques publiques.
Prairie humide pâturée (bassin du Mamoul)
L’intervention du SMDMCA en faveur des zones humides
Le SMDMCA porte une politique de préservation et de restauration des zones humides sur son territoire depuis de nombreuses années. Déjà en 2008, une étude portée par un syndicat antérieur, le SYMAGE², avait permis de cartographier les zones humides des bassins de la Cère aval, de la Bave et du Mamoul.
Depuis 2014, une réflexion a été engagée sur la restauration d’une zone humide gérée par l’ONF, en partenariat avec la Cellule d’Assistance Technique Zones Humides de l’ADASEA d’Oc et le Conservatoire des Espaces Naturels Midi Pyrénées. Cette concertation a permis de déboucher sur un plan de gestion en 2017, planifiant des études des niveaux d’eau et de la faune et de la flore tout au long des 5 années du plan de gestion, la mise en place d’un pâturage extensif (été 2019), et des travaux de suppression des drains (automne 2019). Cette action a reçu le premier prix du génie écologique 2020 aux Assises Nationales de la Biodiversité.
Zone humide du Castagné restaurée par le SMDMCA (bassin de la Cère)
Un Contrat Pluriannuel Milieux Aquatiques (outils financier de l’AEAG) a été signé en 2016, en partenariat avec la communauté de communes Midi Corrézien et l’ADASEA d’Oc. Ce contrat a permis, entre autres, de mettre en place des MAEc spécifiques à la préservation des zones humides, sur les bassins de la Tourmente et de la Sourdoire.
Plus largement, la préservation et la restauration des zones humides sont intégrées dans chaque PPG de bassin afin de faire émerger des actions en faveur des zones humides sur la totalité du territoire du SMDMCA.
En 2020, le SMDMCA a candidaté et a été retenu à l’appel à projet « Restauration des zones humides » lancé par l’Agence de l’Eau Adour Garonne. Des zones humides des bassins versants de la Cère, de la Bave, du Mamoul, de la Tourmente, de l’Ouysse et du Tournefeuille ont été ciblées dans le dossier de candidature. Différents types d’actions (gestion foncière, réduction de drainage, déboisement, mise en place de pâturage extensif, remise en état de peupleraie, effacement de plan d’eau, etc.) pourront ainsi bénéficier d’un accompagnement financier.
Zone de marais sur un affluent du Cayla (bassin de la Bave)